Voilà bien un an que cela dure. Ce que l’on appelle en se pinçant les
narines « la crise anglophone » vient de connaître une escalade
significative ces derniers jours, avec des manifestations massives et
coordonnées, suivies de ripostes de forces de l’ordre. Cela se voit,
cela se sent, chaque jour, on fait un pas de plus vers le précipice.
C’est dans le discours que se remarquent les étapes de l’évolution de
cette crise : dans un premier temps, à Yaoundé, on a d’abord dit « il
n’y a pas de crise Anglophone ». La crise durant, le discours est devenu
« Les problèmes qu’ils posent sont les mêmes dans tout le Cameroun ».
La crise perdurant, on se demande désormais : « que veulent-ils » ?
La réponse du gouvernement est passée par toutes les étapes
classiques de gestion de crises, à la camerounaise : dans un premier
temps, on a pensé qu’en corrompant les chefs traditionnels, ils auraient
prise sur des populations qu’on sait respectueuses des traditions.
Ensuite, on a agité un vieux démon camerounais, celui de la fracture
ethnique, en faisant le distinguo entre anglophones « Grassfields » du
Nord Ouest et anglophones « Sawa du Sud-ouest ». Enfin, on s’est remis à
une bonne vieille méthode, celle qui a fait son effet pendant les «
années de braise », le pourrissement, c’est à dire l’essoufflement de la
contestation. Tout cela dans une atmosphère de répression dont la
gradation monte de jour en jour. Mais la « crise » ne finit toujours
pas…
Beaucoup de mesures ont été prises, de concessions faites et comme on
le voit, toutes ces institutions créées, tous ces postes de nominations
concédés ont été autant de cautères sur une jambe de bois.
Installés dans leur confort relatif de camerounais francophones, qui
n’ont pour seul souci que la quiétude nécessaire pour aller manger du
poisson à la braise le soir, le tout arrosé de bière fraîche, ils posent
sans cesse la question : « Que veulent-ils » ? S’excluant ainsi
d’emblée de ces questions qui, même si elles sont exprimées en langue
anglaise, n’en demeurent pas moins des préoccupations vives, pour la vie
camerounaise aujourd’hui :
-La gouvernance au Cameroun favorise-t-elle (ou prend-t-elle en compte) le bien être de tous les camerounais ?
-Les institutions prévues dans la Constitution de 1996, qui devaient
garantir la décentralisation, c’est à dire la concession aux populations
de questions de développement concernant leur environnement immédiat
ont-elles jamais été mises en place ?
-Des élections sincères, au
cours desquelles le citoyen du Cameroun décide de qui occupera telle
fonction sont-elles possibles à ce jour ?
- Dans quelles circonstances s’achèvera le long règne de M. Biya et qu’adviendra-t-il du système qui s’est mis en place ?
Que veulent-ils ? Eh bien, ce sont des réponses à ces questions, qui
devraient tarauder à chaque instant tout citoyen camerounais digne et
soucieux de l’avenir de son pays.
Que veulent-ils ? Eh bien, Ils veulent, un pays où les gens sortent
de leur maison, travaillent, et le soir venu, ont accès au fruit de leur
labeur quotidien, sans avoir à en laisser dans les mains d’un
fonctionnaire prédateur qui les ponctionne. Ils veulent un pays où,
lésé, vous pouvez aller dans les Cours et Tribunaux, et y rencontrer
Justice. Ils veulent un pays où ils seront traités en citoyens et non en
sujets ou en objets. Ils veulent d’un pays où on édicte des règles
applicables et respectées par tous. Ils veulent d’un pays où ceux qui
gouvernent disent ce qu’ils font et font ce qu’ils disent…Ce pays là,
c’est ce pays NORMAL, que nous évoquons tous dans nos conversations
quotidiennes, et dans lequel nous souhaitons vivre.
Eh bien Que veulent-ils ? Ils veulent vivre dans un pays NORMAL.
Haman Mana
P.S : l’idée de la sécession, n’est bien sûr qu’un épouvantail loufoque qu’il n’y a même pas lieu d’évoquer entre gens sérieux.
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