Monsieur le président de la république,
C’est toujours un grand honneur d’exposer à votre excellence
des situations graves d’injustice et de violations des droits humains sur vos
populations et des actes d’atteinte aux biens publics commis par vos proches
collaborateurs. Les populations autochtones de Ntougou à Yaoundé et l’etat du
Cameroun sont victimes de détournements de leurs ressources foncières évaluées à
plus d’une dizaine de milliards de Fcfa.
Malheureusement nous avons le triste constat que vous n’avez
pas pris au sérieux nos précédentes réclamations et dénonciations. Comme
auparavant, notre démarche vise à convoquer à la fois votre très haute attention
et votre intervention énergique sur des situations susceptibles de déstabiliser
la paix sociale et de pérenniser un sentiment d’impunité. vous vous illustrez
pourtant par la recherche de l’équité et de la justice en combattant le règne de
la corruption et des détournements des biens publics.
En date du 22 avril 1997, une partie des terres que nous
avons héritées de nos ancêtres d’une superficie de 38 ha environ au lieu-dit
Ntougou dans l’arrondissement de Yaoundé 2ème, département du mfoundi, était
mise à la disposition de la mission d’aménagement et d’equipement des terrains
Urbains et ruraux (Maetur), pour aménagement par arrêté numéro
0237/Y/2.5.minuh/D du vice-premier ministre, ministre chargé de l’Urbanisme et
de l’Habitat. L’article 3 de cet arrêté prévoyait que : le ministre de
l’Urbanisme et de l’Habitat décidera en temps opportun de la répartition des
espaces aménagés entre les populations autochtones, la Maetur et l’etat. nous ne
trahissons pas un secret en vous précisant que c’est suite à cette opération que
vous-même avez acquis en 2001 auprès de la Maetur votre propriété privé de 2
hectares (titre foncier numéro 29361) qui jouxte l’ambassade américaine à
Yaoundé.
Excellence, estimez-vous plus heureux que les pauvres
populations autochtones de Ntougou et l’etat du Cameroun qui se sont fait voler
leurs terres du fait des irrégularités, des tripatouillages et des malversations
diverses organisés lors de la mise en application de l’article 3 de l’arrêté
ministériel susmentionné. Le butin des dirigeants de la Maetur et de leur
tutelle nous semble scandaleusement édifiant pour être porté à votre très haute
appréciation. Le Directeur général de la Maetur d’alors, actuel ministre de la
santé publique, m. mama Omgba Fouda andré s’est octroyé 06 parcelles de
terrain.
Soit 04 parcelles à son propre nom et 02 parcelles au nom de
sa fille, la nommée mama edima Carine rolande, 21 ans à l’époque des faits en
2001. Le Directeur général-adjoint, m. ekaney thomas Kolle, s’est emparé quant à
lui d’un lot. Le ministre de tutelle, m. Hele pierre s’est octroyé 02 lots. La
valeur marchande des terres spoliées au détriment de l’etat et des populations
par les dirigeants de la Maetur et le ministre de tutelle est estimée à 1. 500
000 000 (Un milliard cinq cent millions) Fcfa.
Au cours de ce partage de butin en 2001, depuis leurs
positions au niveau de la très haute hiérarchie du pouvoir, le premier-ministre,
Chef du Gouvernement, m. peter mafany musonge, et m. marafa Hamidou Yaya,
ministre d’etat, secrétaire général à la présidence de la république se sont
appropriés d’un lot chacun. excellence, nous les populations autochtones de
Ntougou, nous sommes victimes d’une injustice historique grave, inadmissible
dans une république, inacceptable dans un etat de droit. nous sommes dépossédées
des droits et libertés sur des terres que nous avons héritées de nos ancêtres,
de la constitution du Cameroun et des instruments internationaux ratifiés par
notre cher et beau pays. Lors de l’exécution des conventions signées entre les
familles autochtones de Ntougou et la Maetur, afférentes à l’article 3 du texte
ministériel portant aménagement de la zone de Ntougou, il a été relevé un
partage inégal des terres et des attributions de terres en déphasage avec leur
occupation réelle.
Pire, certaines familles ont été complètement dépossédées
des terres qui leur avaient été attribuées initialement. Comment ces terres sont
devenues du jour au lendemain celles de vos proches collaborateurs si ce n’est
par des procédés mafieux ? m. minlo medjo pierre, ancien Délégué général à la
sûreté nationale, a fait main basse sur un lot de 2240m2 portant le titre
foncier numéro 3147. Un lot dont nous disposions déjà sous le titre foncier
numéro 45705. C’est également le cas de m. Ze meka remy, ancien ministre Délégué
à la présidence de la république chargé de la Défense qui brandit désormais le
titre foncier numéro 34046 sur notre lot objet du titre foncier numéro 45579.
Excellence, vos proches collaborateurs vont plus loin car
ils n’hésitent pas à recourir tant à leur toute-puissance qu’à leurs fortunes
monstrueuses pour abattre la répression judiciaire sur nous. Les membres des
populations autochtones de Ntougou sont régulièrement victimes d’arrestations et
d’emprisonnements arbitraires, tortures, et violations graves des droits
humains. rien n’est fait par le gouvernement pour nous sortir du tourbillon de
cette furie prédatrice et tortionnaire.
Au moment où nous écrivions ces lignes, m. akumchi peter
awa, ancien trésorier payeur général de Yaoundé, après s’être fait délivrer le
titre foncier numéro 31815 sur l’une de nos terres, pourtant immatriculée sous
le titre foncier numéro 45704, a traîné certains des nôtres devant le tribunal
de première instance du mfoundi, centre administratif. Excellence, si vous
n’intervenez pas assez rapidement, le Cameroun risque de plonger dans une crise
diplomatique avec la Grande Bretagne. La représentation diplomatique de ce pays
croit posséder une parcelle de 6833 m2 (titre foncier numéro 29940), achetée
auprès de la Maetur. Ce terrain avait été attribué plutôt à la succession edoa
esssonorigobert sous le titre foncier numéro 45706. sa valeur marchande est
estimée à 1.300 000 000 (Un milliard trois cent millions) Fcfa environ.
Vous vous rendrez compte désagréablement que cet argent n’a
jamais été versé dans les caisses de la Maetur. eu égard à toutes ces situations
scandaleuses, nous vous suggérons de sonder non seulement la régularité et la
légalité des actes d’acquisition des terres de Ntougou par vos proches
collaborateurs en particulier, mais aussi en général, de faire procéder à un
audit de la situation foncière du lotissement de Ntougou - Maetur.
Excellence, alors que rien n’a été fait de façon concrète
pour apporter des solutions à nos préoccupations depuis des années, tellement la
situation est préoccupante aujourd’hui que nous avons le sentiment d’assister à
la seconde mort de nos parents, grands-parents et ancêtres dont les restes
gisent sous ces terres où nous vous accueillons. selon nos traditions
ancestrales, nous entendons dans les prochains jours commémorer leur deuil, de
nouveau, à travers des manifestations mortuaires pacifiques rythmées par
«l’essani», la danse funéraire des Beti authentiques que nous sommes. Ce sera
simultanément à l’esplanade de l’ambassade des etats-Unis d’amérique à Yaoundé
et aux portes de votre résidence privée de Ntougou-Golf.
Excellence, vous êtes le père de la nation, garant de
l’ancrage de notre pays dans le cercle des nations démocratiques et
respectueuses des droits de l’homme et de l’etat de droit. vous ne saurez donc
laisser ceux de vos proches collaborateurs ayant accumulé trop de richesses au
détriment de la fortune publique et abusant de la toute-puissance que vous leur
conférez par vos décrets, déposséder l’etat du Cameroun et surtout les pauvres
populations autochtones de Ntougou de leurs patrimoines fonciers. aliéner notre
légitime « droit à la propriété, notre droit d'user, de jouir et de disposer de
nos terres, en être les maîtres absolus et exclusifs dans les conditions fixées
par la loi » et exercer des actes de torture et de barbarie vis-à-vis de nous
sont des crimes qui ne sont rendus possibles que par l’impunité dont jouissent
leurs auteurs et à cause d’un etat rendu complice de l’oppresseur.
Excellence, nous réclamons nos terres ! Que nos terres où
gisent les restes de nos aïeux nous soient rétrocédées ! votre indifférence nous
renvoie un silence de complicité car personne ne doute que vous êtes au courant
de ces scandales dont vos proches collaborateurs voudraient vous faire porter le
sinistre fardeau de la responsabilité. Nous vous remercions d’avoir consacré
votre précieux temps à nous lire et nous gardons espoir d’une prompte réaction
de votre part.
Excellence monsieur le président de la république, veuillez
agréer, l’expression de notre haute et déférente considération.
Que Dieu
bénisse le Cameroun.
Pour les Familles autochtones de Ntougou
le Porte-Parole,
M. Essomba Jean claude
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